Suis-je vraiment timide ? Comment vaincre sa timidité ? 1/2

Publié le par Lumière

Etre victime de harcèlement scolaire, ça isole, ça mine la confiance en soi. On a vite fait d'être désigné par tous comme étant "timide" et de se réfugier - ou d'être forcé de se réfugier - dans ce trait de caractère.

De "timide" on passe vite à "coincé(e)" et on se retrouve enfermé(e) là-dedans sans possibilité d'enlever cette affreuse étiquette de son dos.

La question aujourd'hui va être de savoir ce qu'est réellement la timidité et comment s'en libérer.

Timide ? Coincé ? Réservé ?

Le souci, avec la timidité, c'est que c'est perçu systématiquement comme étant négatif. Or, ce n'est pas forcément le cas. Je ne sais pas toi, mais moi, quand je vois quelqu'un qui se permet de me taper sur l'épaule alors que je le connais à peine, ça m'agace et ça me gêne. Un peu de timidité, de réserve, irait mieux à cette personne. Mais cette même personne trouve sans doute que je suis "timide", voire "coincée". Bref, les limites que l'on accepte de soi ou des autres varie d'un individu à l'autre.

En somme, tu as le droit d'être timide si tu estimes qu'il est normal dans telle ou telle situation de te mettre en retrait. Quand les gens te trouvent trop timide, alors le terme "coincé" apparaît et là, ça devient plus douloureux.

Mais si un groupe te demande d'aller voler quelque chose dans un supermarché ou de forcer la personne qui te plait à t'embrasser et que tu refuses, est-ce parce que tu es coincé(e) ? Non. C'est juste que tu as du bon sens, que tu es capable de savoir ce qui se fait ou non.

A l'inverse, si tu acceptes des trucs idiots parce que tu n'oses pas dire non au groupe, est-ce que ça fait de toi quelqu'un qui n'est pas "coincé" ? Eh bien, non, encore une fois. En fait c'est même le contraire : si tu n'étais pas si timide, tu aurais su t'imposer et dire non.

Bref, il ne faut pas tout confondre.

A mon sens, il faut distinguer :

* le fait d'être réservé : c'est ton caractère. Tu n'es pas du genre à danser sur la table ou à prendre la parole en public. Tu n'en as pas envie, c'est comme ça. Et ça, c'est ton droit. On peut être réservé et avoir des amis et une vie sociale parfaitement normale. On peut y voir un synonyme de "timide", mais je fais vraiment une différence avec la timidité qui pour moi est subie.

* le fait d'être timide : tu es réservé, mais ça devient handicapant. C'est à dire que tu aimerais bien faire telle ou telle chose, mais tu n'oses pas. Pourtant, tu aimerais vraiment, pas par pression des autres, mais parce que ça te plairait personnellement. Mais non, le regard des autres, ou le manque de confiance en toi te bloque. Etre timide c'est "manquer d'assurance" si l'on en croit les définitions officielles. C'est donc bien perçu comme un manque, un problème.
C'est de cela que je vais traiter dans la suite.

* le fait d'être coincé : alors là... c'est le point de vue des autres qui amène ce terme. Mais je crois franchement que cela n'existe pas. Personne n'est "coincé". Dire de quelqu'un qu'il est coincé, c'est juste appuyer volontairement sur sa timidité pour le forcer à faire quelque chose qui lui déplaît. Ou bien forcer l'autre à admettre que ce qu'on veut lui faire faire est normal et qu'il devrait s'y plier. En somme, c'est un argument fallacieux et très facile pour justifier ses exigences "Tu ne veux pas faire ça ? Coincé !"

Je me suis longtemps crue "coincée", parce que je refusais d'embrasser le premier garçon venu, que je refusais de sortir le soir sans avertir mes parents, que je refusais de m'habiller comme la dernière chanteuse à la mode... Et puis j'ai grandi et j'ai réalisé que, tout ce que je refusais, c'était simplement ce que je ne voulais pas faire et que ça dérangeait les autres. Mais est-ce que ça me dérangeait moi ? Non. En somme, j'étais capable de défendre mes choix face à un groupe et j'étais tout sauf "coincée". 

Bref, si tu refuses de faire des choses parce que tu n'en as pas l'envie, ce n'est pas que tu es coincé(e), bien au contraire. C'est que tu es capable de prendre tes propres décisions sans pression sociale. 

Dans le prochain billet, nous verrons comment vaincre ce qui est en revanche une réelle timidité ! :)

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L
Merci pour ce bel article qui fait réfléchir.<br /> On touche encore avec cette notion de différence et de perception différente de la réalité à la question des limites et du respect des limites de chacun.<br /> Le harcèlement commence là où quelqu'un franchit une limite qu'on a posée même si pour une majorité de personne cette limite n'a aucun sens. Limites corporelles, verbales, visuelles, d'intention...
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L
C'est tout à fait cela ! Quand j'ai commencé à écrire ce billet, je n'avais pas pensé à distinguer les termes de "timide" ou "coincé", mais ça s'est finalement rapidement imposé à moi. Depuis, j'ai réalisé à quel point ce terme était méprisant et destructeur et je l'ai banni de mon vocabulaire (car oui, il m'arrivait de l'utiliser en parlant de quelqu'un, un comble).<br /> Merci pour la lecture et les commentaires réguliers ! :)